En compagnie de nos deux formatrices, Anne-Paule Lerosier-de Raucourt et Evangeline Masson-Diez et en avant-goût de notre formation du 13 octobre prochain, continuons à mieux comprendre comment accueillir et aider les femmes que nous rencontrerons à l’accueil. Dans cette seconde newsletter, elles nous éclairent sur la proposition suivante évoquée lors de la formation du 26 mai dernier: « Souhaiter une sortie de la rue, ça c’est un truc de gens qui ont un domicile ».
Une telle affirmation peut surprendre et interroger. Il convient donc de la détailler.
Une répartition des missions
Face à une personne en situation de rue, nous sommes pris par deux urgences : celle du mal logement et celle de tisser une relation de confiance. En tant que bénévole qui accueille et reçoit les personnes en errance, la première mission est celle de la relation à faire exister.
Ce sont les travailleurs sociaux, avec qui Louise & Rosalie va construire des partenariats au service des femmes accueillies, qui auront pour mission de les accompagner sur les volets administratifs, sociaux et vers l’hébergement ou le logement.
Par ailleurs, des associations se battent en collectif contre le mal logement, cela relève d’une activité de plaidoyer, qui n’est possible que parce que des bénévoles et professionnels font vivre la relation d’accompagnement dans les associations au quotidien.
“Vouloir pour l’autre, c’est l’enfermer.”
La seule chose que l’on peut souhaiter dans un premier temps, c’est vivre la rencontre et découvrir l’autre avec ses richesses, ses fragilités, ses secrets. Face à une personne en difficulté, nous pouvons être happés par nos bons sentiments, nous avons envie de penser à sa place, selon nos normes et nos besoins. Nous voulons parfois trouver des solutions à ses problèmes… Mais il faut au maximum l’éviter.
En tant que personne adulte face à une autre personne adulte – bien que vulnérable et fragile – nous devons nous efforcer de construire une relation d’adulte à adulte et non une relation qui pourrait être déséquilibrée dans laquelle nous projetterions nos envies et nos besoins, perçus à partir de nos vies et de nos critères. Au contraire, accueillir l’autre en ayant en tête sa globalité et sa liberté, c’est la remettre acteur de sa vie. C’est aussi et surtout lui laisser le temps de nommer ses besoins, ses attentes et ses demandes. C’est aussi, parfois, croire avec elle à ses chimères le temps qu’elle se réconcilie avec ses démons.
“Prenons notre temps nous sommes pressés »
Aller trop vite, “toute seules”, en portant la personne accompagnée, est un risque omniprésent ; alors que prendre son temps, accorder son pas sur le rythme de la personne rencontrée, être présentes dans le quotidien, sera – peut-être paradoxalement – la manière de faire la plus “efficace” !
En résumé, l’enjeu de l’accès à l’hébergement et au logement est réel et urgent, mais il est impossible pour chacune des personnes en situation d’exclusion, sans relations et sans soutiens.
Pour rappel, consulter la présentation du monde de la rue et des femmes de la rue en particulier : cliquez ici pour consulter la synthèse (PDF)