À quelques jours de l’ouverture de l’Accueil Louise & Rosalie, situé dans les locaux de la Congrégation de la Mission dite des « Lazaristes », Coline et Laurence, bénévoles de l’accueil, sont allées à la rencontre du Père Roberto Gomez, supérieur de la communauté. Ce dernier nous parle de l’approche vincentienne de la pauvreté et donne des conseils concrets aux bénévoles pour accomplir au mieux leur mission.
La communauté rassemble 25 frères et pères de tous âges et de 12 nationalités. Leur mission spécifique est l’accueil et l’évangélisation qui s’expriment au travers d’activités variées : animation des missions populaires, de la chapelle saint Vincent de Paul et de la chapelle de la rue du Bac, la formation universitaire des laïcs, etc. Les bâtiments sont le siège de ladite Congrégation depuis 1818, abritant une chapelle où sont conservées des reliques de St Vincent de Paul et des martyrs de Chine, les archives historiques, une bibliothèque dédiée aux études augustiniennes, une association pour l’amitié, bref un véritable patchwork.
Pouvez-vous nous rappeler le parcours de Saint Vincent de Paul et nous préciser sa spécificité ?
Saint Vincent de Paul est né en 1581 à côté de Dax dans une famille paysanne. Il a été ordonné prêtre à 20 ans. Les premières années de sa vie sacerdotale sont une recherche de lui-même. 1617 est une année charnière où deux évènements ont bouleversé sa vie : à Folleville près d’Amiens, il est appelé au chevet d’un homme dont il mesure l’abandon spirituel et à Châtillon-sur-Chalaronne où, visitant une famille qui mourrait de faim, il réalise la misère économique et sociale de son temps.
De plus, Dieu l’avait préparé en lui faisant traverser deux épreuves qui l’ont fait sortir de lui-même : accusation injustifiée de vol et crise de la foi. Il a alors consacré sa vie à servir les gens de la campagne et les personnes les plus abandonnées.
Que nous enseigne la spiritualité de Saint Vincent dans l’aide aux plus pauvres ?
La spiritualité de Saint Vincent plonge ses racines dans l’Incarnation du Christ qu’il a poussée jusqu’au bout en voyant dans le pauvre le Christ incarné souffrant, mettant en pratique les paroles du Christ transmises par l’évangile de Matthieu, chapitre 25 : « Lorsque vous avez fait quelque chose à ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ».
C’est pour cela que Vincent disait aussi « tournez la médaille et vous verrez derrière ces visages déformés par la maladie, la souffrance, le visage du Christ lui-même » et encore « si un pauvre arrive pendant l’Eucharistie, quittez l’adoration, c’est laisser Dieu pour Dieu ! »
C’est énorme et c’est une véritable révolution théologique pour le XVIIe siècle.
Est-ce cette spiritualité qui vous a poussés à participer à l’ouverture de l’accueil ?
Nous sommes fils de Saint Vincent de Paul. Nous sommes une communauté vieillissante mais nous avons eu l’opportunité de monter ce projet avec la Fédération des Equipes Saint-Vincent et la Société de Saint-Vincent-de-Paul. A partir du moment où nous pouvions faire équipe avec des laïcs, c’était une évidence.
Comment au quotidien rejoindre Saint Vincent de Paul ?
La charité n’est pas réservée aux catholiques et aux pratiquants. Beaucoup de non croyants sont sensibles aux souffrances de l’autre et veulent s’engager. L’amour est universel, les manières de le mettre en pratique sont particulières.
Quand on perd de vue que l’être humain est fait pour la transcendance, voilà la plus grande des pauvretés. Croire que nous ne sommes que de la matière, c’est une misère et l’on finit par ne vivre que pour soi, égoïstement. À l’inverse croire qu’il y a en nous quelque chose d’éternel, alors notre vie a un autre sens.
La famille vincentienne croit au mystère de l’incarnation, voit le Christ dans la personne la plus pauvre et participe par l’action et la charité au concert de l’amour universel.
Père Roberto Gomez
Quel conseil donneriez-vous aux futures bénévoles ?
Un conseil … c’est difficile, j’ai beaucoup d’admiration pour ceux qui font le pari de l’amour universel, qui croient à la grandeur de la personne humaine et s’engagent auprès de ceux qui sont mis de côté par la société.
Quelqu’un a dit « l’autre, quand on le voit de loin, il ressemble à un monstre, quand on s’en approche un peu, il ressemble à un être humain, quand on s’approche de près, c’est un frère ou une sœur. »
On a peur des immigrés par exemple, mais quand on connaît une personne immigrée on découvre que ce n’est pas un ennemi mais une personne humaine, comme nous, qui a faim, qui a souffert et quitté son pays par contrainte.